La valeur, le placement ainsi que le déplacement des différentes pièces n'ont plus de secret pour vous ? Bref vous savez jouer aux échecs, et connaissez sur le bout des doigts le déroulement d'une partie. Si ce n'est pas encore le cas, pas de panique, lisez à votre rythme notre article relatif aux règles du jeu d'échec.

Savoir jouer est une chose, mais vous avez probablement envie d'apprendre des astuces, en l'occurrence ici des combinaisons tactiques qui vous aideront à remporter votre partie. Les combinaisons sont très utiles pour prendre un avantage, souvent décisif, notamment en gagnant du matériel, comprenez en capturant des pièces à votre adversaire ou en réalisant des échanges en votre faveur.

Cette page a vocation à vous présenter, vous expliquer, les principales combinaisons tactiques du jeu d'échecs. Celles que vous devez absolument connaître pour vous perfectionner.

La fourchette dit attaque double

La fourchette est une arme redoutable. Vous vous en servez probablement pour déguster le contenu de votre assiette. Aux échecs, elle sert à "manger" les pièces du joueur assis en face de vous. On appelle la fourchette "attaque double" du fait qu'elle attaque simultanément deux pièces adverses. L'adversaire ne pouvant bien sûr jouer qu'un seul coup à la fois, doit en "sacrifier" une. Un choix cornélien en perspective !

La fourchette peut également toucher le roi ainsi que toute autre pièce, on parle alors de fourchette au roi. Cette combinaison est terriblement efficace car l'adversaire n'a pas d'autre choix que de bouger ou protéger son roi, laissant l'autre pièce sans défense.

La fourchette

Le cavalier en c7 attaque en même temps la dame ainsi que la tour. La meilleure option pour les noirs est évidemment de sauver la dame en la déplaçant sur une case où elle pourra ensuite recapturer le cavalier. Lorsqu'on gagne une tour au profit d'un cavalier ou d'un fou, on parle d'un "gain de qualité" qui est un avantage assez conséquent.

La fourchette royale

Le diagramme ci-dessus illustre à merveille la fourchette au roi, dite fourchette royale. Le cavalier attaque la dame tout en mettant le roi noir en échec. Ce dernier doit obligatoirement bouger, laissant la dame en prise.

Bon à savoir : La fourchette, ce n'est pas que pour le cavalier. N'importe quelle pièce est en mesure de réaliser une fourchette, sauf le roi bien sûr !

Fourchette avec le fou

Ci-dessus, un exemple de fourchette ou double attaque à la tour réalisée par le fou en c6.

Fourchette avec pion

Un autre exemple d'attaque double réalisée cette fois-ci avec le pion en d5 qui attaque simultanément le cavalier ainsi que le fou. Le fou peut prendre le pion, mais il sera à son tour capturé par la dame blanche. Il y a donc dans tous les cas gain de matériel pour les blancs.

Le clouage

Le clouage est une excellente arme pour mettre la pression dans le camp adverse. Une pièce est dite clouée quand elle ne peut se déplacer, sous peine de découvrir une pièce de plus forte valeur qui sera alors capturée par l'adversaire. Le fou est la pièce emblématique du clouage aux échecs, mais d'autres pièces peuvent également réaliser cette technique.

Le clouage

Dans cet exemple, le fou blanc en g5 réalise un clouage. Le cavalier noir en f6 est cloué, il ne peut bouger sous peine de laisser la dame en prise. Il est important de préciser que le cavalier cloué a tout de  même le droit de se déplacer. Même si ce n'est pas le cas ici, il aurait pu, dans une autre partie, se déplacer pour attaquer une dame ou faire un échec au roi par exemple.

Le clouage forcé

L'exemple ci-dessus met en évidence un clouage forcé ou encore absolu. Le fou blanc en b5 vient clouer le cavalier noir en c6 qui a l'interdiction de se déplacer. En effet, s'il bougeait, il laisserait le roi en échec ce qui est contraire aux règles des échecs.

Astuce : si vous avez réalisé un clouage, essayez d'attaquer la pièce clouée avec une pièce de valeur inférieure

Le clouage forcé - Diagramme 2

Dans le diagramme ci-dessus, on suppose que le trait est aux blancs. Le cavalier noir en c6 subit un clouage forcé, toujours à cause du fou sur la case b5. Ayant l'interdiction formelle de se déplacer, il est alors judicieux de l'attaquer en poussant le pion d4 sur la case d5. On rappelle bien sûr que le pion a une valeur moindre que celle du cavalier. La prise du cavalier par le pion est inévitable au prochain coup, ce qui procurera un avantage matériel pour les blancs.

L'enfilade

L'enfilade est une combinaison tactique qui présente des similitudes avec le clouage. Le principe est aussi simple que redoutable, contraindre une pièce adverse à se déplacer pour capturer celle qui se trouve derrière. Comme pour le clouage, l'enfilade peut dans certaines situations, être forcée si elle concerne le roi.

L'enfilade forcée

Le diagramme ci-dessus met en évidence une enfilade forcée. La tour blanche en b1 va envahir la 8ème rangée en venant se positionner sur la case b8. Elle va ainsi mettre le roi noir en échec, qui devra obligatoirement se déplacer. Elle n'aura alors plus qu'à capturer la dame noire au coup suivant.

L'enfilade

Le fou blanc va rejoindre la case f3, où il attaquera la dame noire. Cette dernière devra bouger pour ne pas se faire prendre, laissant la tour en a8 à la merci du fou. À noter que dans ce cas, l'enfilade n'est pas forcée. Rien n'empêche la dame noire de rester en prise.

Bon à savoir : Il est parfois possible de parer une enfilade en interposant une pièce ou en attaquant une pièce adverse de valeur égale ou supérieure

L'enfilade - Diagramme 3

Le diagramme ci-dessus est similaire au précédent, à la différence qu'un pion noir a fait son apparition en c7 et une tour blanche en c3. Et cela change tout, car après fou en f3, l'enfilade peut être contrée soit en avançant le pion noir en c6 ou en déplaçant la dame noire en b4 de manière à contre-attaquer la tour en c3.

Bon à savoir : Pensez à l'échec intermédiaire pour vous sortir d'une enfilade ou de toute autre combinaison tactique !

L'enfilade - Diagramme 4

Au premier abord, il peut sembler difficile de sauver la tour noire à cause du fou blanc en f3. Il existe pourtant une solution très simple, réaliser un échec intermédiaire en plaçant la dame noire sur la case b1. Le roi blanc devra alors se déplacer en h2 ce qui laissera le temps aux noirs de sauver leur tour. À noter que les blancs auraient pu parer l'échec en déplaçant leur fou en d1, ce qui n'aurait en l'occurrence ici absolument rien changé.

Bon à savoir : Lors d'un échec intermédiaire, il faut vérifier que l'adversaire ne puisse pas le contrer tout en réattaquant votre pièce

L'enfilade - Diagramme 5

On reprend le même diagramme que précédemment, en ajoutant une tour blanche en d2. La dame noire vient faire son échec intermédiaire, mais la tour blanche peut s'interposer en allant en d1, où elle contre l'échec tout en attaquant la dame qui n'a d'autre solution que de fuir. La tour noire sera ensuite capturée par le fou.

La pièce enfermée

Une autre combinaison tactique souvent utilisée aux échecs est l'enfermement de pièce. Comme son nom l'indique, elle consiste à venir enfermer une pièce adverse dans le but de la capturer. La pièce enfermée ne peut plus bouger, ou alors elle doit le faire contre un déficit matériel. En effet, pour se défaire d'un enfermement, la pièce doit souvent être sacrifiée, comprenez être échangée contre une pièce adverse de valeur moindre.

La pièce enfermée

Le diagramme ci-dessus met en évidence un cas typique d'enfermement. Après la poussée du pion blanc en a5, on remarque que le fou noir en b6 est attaqué, et qu'il ne peut ni reculer, bloqué par ses propres pions, ni avancer sans se faire prendre. Il est donc enfermé.

La pièce enfermée - Diagramme 2

Parfois, l'enfermement est moins visible, plus caché. Dans l'exemple ci-dessus, on pourrait croire que le pion en a7 est perdu, capturé par le fou blanc en e3. La réalité est tout autre.

La pièce enfermée - Diagramme 3

Les blancs ont capturé le pion en a7. Surprise, le pion noir en b7 avance en b6 et enferme le fou par la même occasion. Les blancs ne peuvent empêcher le roi noir d'aller en b7 pour attaquer, mais surtout capturer le fou. Un piège classique dont il vaut mieux avoir connaissance !

La pièce enfermée - Diagramme 4

Dans l'exemple ci-dessus, on remarque qu'après le déplacement du fou en a5, la tour noire se retrouve enfermée. Les noirs ne peuvent empêcher la montée du roi blanc en b3 pour attaquer la tour, qui n'aura d'autre choix que de se sacrifier sur le fou.

La déviation

La déviation est une combinaison tactique qui peut vous permettre de gagner du matériel, voir même dans certains cas la partie, en faisant échec et mat. C'est une technique particulière reposant souvent sur un échange ou un sacrifice dans le but de détourner, dévier une pièce adverse de sa fonction principale. La déviation oblige donc une pièce adverse à se déplacer, afin de faire en sorte qu'elle ne défende plus une pièce ou une case précise.

La déviation

Dans ce diagramme le trait est aux blancs. On remarque que la tour noire empêche le mat du couloir. Si vous ne savez pas de quoi il s'agit, nous vous invitons à lire notre guide sur l'échec et mat. Une excellente option pour les blancs est alors de capturer le cavalier à l'aide du fou en e3. Si la tour noire reprend le fou, les blancs déplacent alors leur propre tour en d8 pour faire mat et donc remporter la partie !

La déviation - Diagramme 2

Un dernier exemple de déviation, plus complexe cette fois, le trait est toujours aux blancs. Échanger les dames est tentant, mais une fois la tour blanche sur la 8ème rangée, il n'y a pas de mat du couloir à cause de fou en f8. Il y aurait donc juste un échange de dame, mais aucun avantage particulier.

La solution est ici de placer directement la tour blanche sur la case e8, faisant échec au roi. Si la tour noire reprend la tour blanche, alors les blancs gagnent la dame qui n'est plus défendue par la tour grâce à la déviation. Si les noirs choisissent de reculer le fou en f8 pour parer l'échec, la tour blanche prend la tour noire. Gain de matériel puisque la tour ainsi que la dame blanches se protègent mutuellement !

En conclusion

La connaissance des différentes combinaisons tactiques vous donnera des armes supplémentaires pour gagner vos parties d'échecs. N'oubliez pas que c'est l'expérience qui fera que vous verrez de plus en plus facilement les combinaisons : alors tous à vos échiquiers ! Gardez également bien à l'esprit qu'aux échecs comme dans la vie, on apprend de ses erreurs. Si vous êtes victime d'une combinaison tactique, essayez de la comprendre pour la reproduire à votre avantage lors d'une prochaine partie !