Lors de l'analyse d'une partie d'échecs, vous venez d'entendre le mot "zugzwang" sans savoir de quoi il s'agit ? Pas de panique, cet article va justement tout vous expliquer sur ce terme qui interpelle bons nombres de joueurs, essentiellement débutants.
Le zugzwang, c'est quoi ?
Avant d'expliquer concrètement ce qu'est le zugzwang aux échecs, parlons un peu de l'étymologie de ce mot qu'il est difficile de prononcer correctement sans avoir l'habitude. C'est un terme qui provient de l'allemand, "zug" signifiant "coup" et "zwang" voulant dire "obliger". Par association, on comprend alors que le zugzwang est une situation dans laquelle le joueur est dans l'obligation de jouer, et ce, même si tous les coups possibles sont perdants. Il est important de rappeler qu'aux échecs, il est strictement interdit de passer son tour, ce qui serait pourtant bien utile lors d'un zugzwang. Si vous n'êtes pas encore très à l'aise avec les différentes règles, nous vous recommandons de lire attentivement notre page consacrée à l'apprentissage du jeu d'échecs.
Quand on dit que tous les coups sont perdants, cela ne veut pas obligatoirement dire qu'il y aura échec et mat au coup d'après, simplement que la position va se détériorer ce qui conduira à coup sûr à la perte de la partie. Être en zugzwang est le seul cas de figure où avoir le trait n'est pas un avantage, c'est même plutôt le contraire, un sacré handicap.
Bon à savoir : Le zugzwang se manifeste la plupart du temps lors des finales
Exemples simples de zugzwang aux échecs
Grâce aux explications, vous avez très certainement compris la signification du zugzwang aux échecs. Toutefois, pour être certain d'avoir tout assimilé, rien de mieux que quelques exemples illustrés.
Le diagramme ci-dessus met en évidence un cas simple et classique de zugzwang, on suppose que les blancs ont le trait. Certes, il y a une égalité matérielle parfaite, mais la position est loin d'être égale pour autant. En déplaçant leur roi en e6, les blancs défendent leur propre pion tout en attaquant celui des noirs. Vient ensuite aux noirs de jouer : ils sont dans l'obligation de déplacer leur roi car c'est la seule pièce en capacité à pouvoir bouger. Toutefois, les cases disponibles (d4, c4, b4, b5 et b6) n'assurent plus la protection du pion noir qui sera capturé par le roi blanc au prochain coup. Les noirs sont donc en zugzwang, tous les coups sont mauvais.
Un autre cas typique de zugzwang reposant sur le principe fondamental de l'opposition. On suppose que les blancs viennent de jouer leur roi en c6, prenant par la même occasion l'opposition. Le roi noir est ici contraint d'aller en b8 ou d8, il se fera à coup sûr déborder par le roi blanc qui pourra avancer au prochain coup.
Bon à savoir : Perdre ou gagner une partie d'échecs ne se joue parfois pas à grand chose. Si les blancs avaient le trait, la position était nulle, les noirs disposant de l'opposition !
Par exemple, supposons que le roi noir aille en b8. Les blancs réagissent alors par roi en d7, une case importante qui contrôle la case de promotion. Les noirs ne peuvent rien faire pour éviter la poussée du pion jusque c8 où il se "transformera" en dame. À noter que si le roi noir avait opté pour la case d8, les blancs auraient été en b7, reproduisant le même scénario, mais de l'autre côté.
Exemples plus complexes de zugzwang
Un échec et mat spectaculaire reposant sur le principe du zugzwang ! Les blancs ne peuvent pas mater directement par tour h7, car la case est défendue par le fou. Ils utilisent toutefois une manœuvre très ingénieuse, à savoir placer la tour en h6, soit une case avant. On voit bien que les noirs manquent cruellement d'espace. Si ils bougent le fou, la tour capture alors le pion h7 pour asséner l'échec et mat. Si ils décident de capturer la tour alors en h6 ce qui semble tout à fait logique, les blancs peuvent alors avancer le pion g6 en g7 pour faire mat.
Dans cette position précise, il est important d'arrêter la tour en h6 et pas avant. Car les noirs pourraient alors riposter par pion h7 en h6. On remarque alors que tour prend pion h6 ne marche pas, car après la capture, l'avancée du pion blanc en g7 ne fait pas échec et mat du fait que le roi noir dispose d'une case de sortie en h7 !
Il n'est pas rare de rencontrer un cas de zugzwang lors des finales avec fou et pions. Essentiellement lors des situations où un fou est très passif, contraint à défendre plusieurs faiblesses comme c'est le cas dans le diagramme ci-dessus. On remarque que le fou noir est obligé de défendre les deux pions (c5 et g5) qui sont des faiblesses, puisque attaqués par le fou blanc. Pour assurer au mieux la double défense, il est impératif que le fou ne quitte pas la case e7.
En supposant que les noirs ont le trait, ils doivent se résigner à déplacer le roi, qui est loin d'être une bonne solution car cela autoriserait le roi blanc à avancer en direction d'un des deux pions. Exemple, si le roi noir va en d6, le roi blanc va en f5. Si il va en f6, le roi blanc ira en d5. Les noirs sont donc en zugzwang.