Vous venez de terminer votre apprentissage des règles du jeu d'échecs et connaissez sur le bout des doigts les différentes manières de faire échec et mat ? C'est une excellente chose, mais vous allez rapidement vous rendre compte que le jeu d'échecs est bien plus complexe que cela, c'est d'ailleurs cette complexité qui le rend si magnifique.
Pour augmenter ou booster votre niveau de jeu, autrement dit pour progresser aux échecs, vous allez devoir mettre en place des stratégies de fond. Et ce du début jusqu'à la fin de partie ! Ce guide a justement vocation à vous donner des conseils et vous expliquer les bonnes pratiques à adopter au cours d'une partie d'échecs.
Stratégies, combinaisons : quelles différences ?
Si vous avez déjà lu notre article relatif aux combinaisons tactiques, vous devez certainement vous demander la différence avec les stratégies. C'est une bonne question ! Une combinaison est une suite de coups vous permettant directement de gagner du matériel ou de mater, c'est donc un plan à court terme. À l'opposé de la stratégie qui elle, correspond à un plan sur le long terme. Avec la stratégie, on cherche à trouver une idée de fond pour améliorer sa position et créer de futurs problèmes à l'adversaire. C'est un sujet profond qui est extrêmement important. En effet, nombreux sont les débutants à ne pas savoir quoi jouer une fois quelques coups effectués, par méconnaissance des principales stratégies du jeu d'échecs.
Les stratégies en début de partie - Ouverture
Nous allons ici nous attabler aux principales stratégies à adopter lors des ouvertures, comprenez au tout début de la partie d'échecs. Rappelez-vous que c'est un moment clef du match, car il va de soi qu'une ouverture réussie mettra toutes les chances de votre côté pour la suite de la partie !
Prendre le centre
Le contrôle du centre est un principe fondamental du jeu d'échecs. On dit souvent aux joueurs débutants qu'il faut prendre le centre en début de partie sans vraiment leurs expliquer pourquoi, chose que nous allons bien sûr faire. Mais au fait, c'est quoi le centre aux échecs ?
On assimile souvent le centre aux cases e4, e5, d4 ainsi que d5. Contrôler les cases centrales avec les pions permet d'avoir plus d'espace que son adversaire, comprenez que vos pièces auront plus de possibilités de déplacements. Les pièces adverses auront donc des possibilités de déplacements limitées, elles seront en quelque sorte recroquevillées dans leur camp.
Les noirs ont ici laissé le contrôle du centre aux pions blancs. Les pièces blanches peuvent ainsi se mouvoir beaucoup plus facilement, notamment les fous, ou encore avancer les pions centraux pour faire reculer les pièces noires, en l'occurrence ici les cavaliers. Les blancs prennent donc ici l'avantage.
Important : il est préférable d'occuper le centre avec les pions. C'est pourquoi les premiers coups d'une partie d'échecs commencent souvent par e4 ou d4.
Bien développer ses pièces
Le développement des pièces est un autre principe incontournable aux échecs. D'ailleurs, les entraîneurs et coachs ne cessent de répéter à leurs élèves de développer leurs pièces. Il s'agit de sortir rapidement les pièces mineures (fous et cavaliers) afin de libérer le passage pour le roque. De façon générale, on recommande de les diriger vers le centre de l'échiquier qui est une zone stratégique. Il faut toutefois veiller à les déplacer sur des cases où elles seront aussi actives que possible.
Ci-dessus une partie dite "miroir", où blancs et noirs ont joué exactement les mêmes coups. Il s'agit d'un développement extrêmement classique, que l'on rencontre fréquemment aux échecs. On remarque que les cavaliers sont positionnés de sorte à agir sur le centre, il en va de même pour les fous (le fou blanc en g5 ainsi que le fou noir en g4 ont une action sur le centre du fait qu'ils attaquent tous deux un cavalier qui lui-même agit sur le centre). Les pions centraux en e4 et e5 sont très solides car défendus par un autre pion.
Bon à savoir : il faut souvent éviter de placer les cavaliers sur les bandes de l'échiquier (colonnes a et h, rangées 1 et 8) car ils contrôlent alors moins de cases.
Explication des diagrammes : le cavalier placé en f3 contrôle 8 cases en tout, contre 4 pour le cavalier en h3 qui est placé sur une bande.
Bon à savoir : Les fous sont plus actifs lorsqu'ils sont placés devant la structure de pions et que leur portée n'est pas obstruée par d'autres pièces
Les fous blancs ne sont pas correctement développés. Le fou en d3 est devant la structure de pions, mais sa portée est bloquée par le pion e4. Le fou en c1 lui est derrière la structure de pions, il est donc pour le moment totalement inactif.
Bon à savoir : L'inactivité n'est pas une fatalité. Une pièce inactive peut devenir active par la suite, et inversement bien sûr
Mettre rapidement son roi à l'abri avec le roque
Le roi est en quelque sorte la pièce maîtresse du jeu d'échecs. Si vous n'y prêtez pas attention, il peut malheureusement vous faire perdre la partie lorsqu'il se retrouve en situation d'échec et mat. C'est pour cela qu'on conseille de rapidement roquer pour mettre son roi à l'abri. Abrité derrière une rangée de pions, le roi est ainsi beaucoup moins vulnérable. Un autre avantage du roque est de pouvoir lier les deux tours, une fois que les autres pièces auront été développées bien entendu.
La position blanche est très solide. Le roi en g1 est bien protégé par les 3 pions devant lui qui n'ont pas encore bougé. Le développement des pièces mineures ainsi que la dame permettent de lier les tours ce qui est toujours une bonne chose.
Côté noir, les choses sont un peu plus délicates du fait qu'un des pions du roque n'est plus sur sa case initiale. Désormais sur la case g6, le pion noir laisse une porte d'entrée sur la case h6 pour les pièces blanches. Le roi noir n'est pas en totale sécurité.
Bon à savoir : Toute poussée de pion devant le roque est affaiblissante. Il est donc important de savoir ce que l'on fait avant de les déplacer.
Si possible, déroquez votre adversaire !
Nous venons de voir qu'il était important de protéger son roi en roquant. Il semble donc logique, si l'occasion se présente, d'empêcher votre adversaire de roquer ou même mieux, le déroquer, comprenez lui interdire le roque pour le restant de la partie. À noter que pour déroquer le roi adverse, il faut le contraindre à se déplacer ou alors faire bouger la tour concernée.
On suppose ici que le roi noir n'a pas encore bougé. La tour en b8 ayant été déplacée, le grand roque est impossible. Le petit roque n'est pour le moment pas possible à cause du fou en h6. Les blancs empêchent temporairement le petit roque, car si le fou blanc venait à reculer, le roque serait alors envisageable pour les noirs.
Le fou blanc en b5 attaque le roi noir qui peut se déplacer, auquel cas il sera déroqué. De même s'il pare l'échec en interposant le fou en d7, il suffira alors aux blancs de le capturer pour déroquer le roi noir en le forçant à bouger. Déroquer le roi adverse confère un gros avantage, car le roi est vulnérable et les pièces adverses auront du mal à s'organiser, se développer.
Bon à savoir : Déroquer a moins de force, d'impact, si les dames ne sont plus présentes sur l'échiquier
Les erreurs à éviter en début de partie
Nombreux sont les débutants, les débutantes, à déplacer la même pièce plusieurs fois de suite durant l'ouverture. C'est généralement une erreur, à moins que la pièce soit en danger bien sûr. Préférez plutôt développer vos pièces mineures, puis roquer ... Dans la même lignée, il vaut également mieux éviter de sortir la dame trop rapidement. Pour la simple et bonne raison que l'adversaire pourra parfois développer ses pièces tout en attaquant la dame "volante" qui devra alors se déplacer pour éviter d'être prise. Votre adversaire gagnera alors du temps précieux dans son développement. Et aux échecs comme dans la vie, le temps a son importance !
Bon à savoir : Lorsqu'un joueur parvient à gagner un coup sur son adversaire, on parle de "gagner un tempo". Par exemple on gagne un tempo en attaquant une pièce adverse tout en jouant un coup utile au développement. Il devra alors la déplacer et ça sera à nouveau à votre tour de jouer !
Les stratégies en milieu de jeu
En toute logique, on appelle milieu de jeu la phase qui survient après l'ouverture. Après que les pièces mineures aient été développées et les rois mis en sécurité par le roque. C'est souvent à ce moment du jeu que les débutants ou joueurs manquant d'expérience se retrouvent un peu démunis, sans savoir vraiment quoi faire. Pour bien progresser aux échecs, il va vous falloir redoubler d'effort en prenant en compte les remarques et stratégies qui vont suivre.
Placer les tours sur les colonnes ouvertes
Avant de parler stratégie, il faut d'abord bien comprendre ce qu'est une colonne ouverte aux échecs. Pour faire simple, c'est une colonne sans pion.
Dans le diagramme précédent, la colonne b est une colonne ouverte car il n'y a aucun pion blanc ou noir dessus. Toutefois, il s'agit juste d'un diagramme pour illustrer, car la colonne ouverte a uniquement de l'intérêt s'il reste les tours ou les dames.
Les blancs ont ici la main sur la colonne b qui est par ailleurs la seule colonne ouverte, ils profitent donc d'un avantage certain. En effet, les noirs ne peuvent contester la colonne ouverte, car si la tour noire va en b8, elle serait immédiatement capturer par la tour blanche. On recommande de placer les tours sur les colonnes ouvertes afin de les faire jouer au maximum (c'est là où leur portée est la plus grande). La colonne ouverte est une excellente porte d'entrée pour envahir le camp adverse, le plus souvent en envahissant la fameuse 7ème rangée. Dans l'exemple ci-dessus, la tour blanche a tout intérêt à se positionner en b7 pour attaquer les pions de la 7ème rangée. La tour noire sera alors impuissante, dans l'incapacité de tous les défendre.
Important : si vous avez l'opportunité de pouvoir doubler les tours sur une colonne ouverte, faites-le ! Il sera d'autant plus difficile pour l'adversaire de contester la colonne. Une colonne où il ne reste plus qu'un pion est dite semi-ouverte.
Créer des faiblesses dans le camp adverse
Avant d'évoquer la création de faiblesses, il est essentiel d'expliquer un point crucial du jeu d'échecs, à savoir la compréhension des cases fortes et des cases faibles. Une case forte est une case proche du camp adverse, que vous pouvez occuper avec une pièce sans que celle-ci ne puisse être délogée facilement. Il s'agit en quelque sorte d'un avant-poste pour votre pièce. Une case faible est une case forte pour votre adversaire.
Les cases colorées en vert (e5 et g5) sont des cases fortes pour les blancs, et à contrario des cases faibles pour les noirs. Le cavalier pourra choisir l'une d'entre-elles comme avant-poste, il ne pourra pas être chassé par un pion ni par le fou qui est sur case blanche et restera sur case blanche tout au long de la partie. Bien soutenu par un pion, le cavalier sera alors très stable, il ne pourra pas être dérangé par une pièce adverse de valeur moindre ou équivalente, il aura en plus une action forte sur le camp adverse.
Dans l'exemple ci-dessus, la diagonale a1-h8 est forte pour les blancs, mais extrêmement faible pour les noirs. Les fous sont de couleurs opposées (case blanche et case noire) si bien que les noirs ne peuvent contester la faiblesse de la diagonale. Soutenue par le pion g5, la case f6 pourra être utilisée comme redoutable avant-poste. À noter que la diagonale du fou noir pourrait être très forte si le pion noir en e4 ne l'obstruait pas.
La meilleure stratégie aux échecs consiste à essayer de créer un maximum de faiblesses dans le jeu adverse. Mais une faiblesse ne se limite pas qu'à une ou plusieurs cases faibles, cela peut aussi être un pion isolé, arriéré ou encore doublé. Plus les faiblesses sont nombreuses, plus il est difficile pour l'adversaire de les gérer correctement.
Bon à savoir : Parfois l'adversaire peut se créer lui-même des faiblesses, mais si ce n'est pas le cas, c'est à vous de trouver des coups pour le pousser à la faute !
Faites en sorte que toutes vos pièces soient actives
Pour progresser aux échecs, il est important de bien comprendre la notion d'activité qui concerne les pièces. Une pièce est dite active lorsqu'elle participe à l'action, en contrôlant beaucoup de cases importantes. À l'inverse, une pièce passive n'a que peu d'utilité sur l'échiquier. Idéalement, il ne faudrait donc qu'avoir des pièces actives bien sûr, mais c'est loin d'être toujours évident.
Nous l'avons déjà évoqué au début de cette page, le fou est beaucoup plus actif lorsqu'il est positionné devant la chaîne de pions afin que sa portée ne soit pas bloquée. Le cavalier lui n'est pas idéalement placé sur la bande car il contrôle moins de cases. Les tours quand à elles adorent les colonnes ouvertes, de même pour la dame qui rayonne au centre du jeu. Bien sûr, il ne s'agit que de généralités car tout dépend de la position sur l'échiquier.
Si vous avez une pièce passive, essayez, si cela est possible, de la rendre active en effectuant une suite de coups. L'idée est d'essayer de trouver la meilleure case, et de voir s'il est possible de l'atteindre. Par exemple, en reprenant le dernier diagramme, on remarque que le fou noir en b7 est assez passif puisqu'il bute sur son propre pion. Il est toutefois possible d'améliorer son activité, ou encore son efficacité en le déplaçant en c8, puis en g4 où il participera grandement à l'action, tant sur le plan offensif que défensif. La case f3 est par ailleurs un excellent avant-poste pour le fou. S'il parvenait à atteindre la case f3, le fou noir serait un atout majeur de la position noire car il gênerait la poussée de pions à l'aile-roi (h4-h5) tout en contrôlant la case d1 utile aux blancs pour la bataille de la colonne ouverte "d". De plus, il exercerait également une pression sur le roi blanc qui serait alors beaucoup moins en sécurité.
Bien sûr, recycler le fou noir n'est pas aussi facile que cela puisse paraître. Car entre-temps, les blancs peuvent jouer et faire en sorte d'empêcher le fou noir de parvenir à ses fins.
Bon à savoir : Essayez toujours d'anticiper les coups adverses, de sorte à savoir si votre plan d'action est réalisable ou non.
N'échangez pas systématiquement les pièces
Les joueurs débutants ou peu expérimentés ont souvent tendance à échanger ou capturer une pièce dès que l'occasion se présente, sans vraiment peser le pour et le contre. Un échange de pièces n'est pourtant pas une décision à prendre à la légère, il peut être favorable, défavorable ou alors neutre. Un échange favorable est à votre avantage, il améliore votre position. C'est le contraire de l'échange défavorable qui améliore la position de votre adversaire. Vous l'aurez sans doute compris, un échange neutre ne profite à aucun des deux camps.
Rappel : Un échange est une capture de pièces de la même valeur par les deux camps (exemple un cavalier contre un fou)
Quand faut-il échanger du matériel ?
Il est recommandé d'échanger les pièces lors des situations suivantes :
- Vous avez un avantage matériel (exemple un pion en plus)
- Vous n'avez pas beaucoup d'espace, comprenez que vos pièces n'ont que très peu de place pour manœuvrer, se déplacer (vos pièces sont retranchées dans votre camps)
- Vous avez l'opportunité d'échanger une pièce passive contre une pièce adverse plus active
- Vous avez une idée derrière la tête, comme une combinaison tactique par exemple
Inversement, si vous avez du matériel en moins, évitez d'échanger les pièces. On peut alors dire que chaque échange vous rapproche un peu plus ... de la défaite ! De même essayez de faire en sorte que votre adversaire ne puisse pas facilement échanger les pièces s'il manque d'espace, de même pour l'échange d'une pièce passive contre une pièce active. Si vous avez réussi à clouer une pièce adverse, ne l'échangez pas trop rapidement, préférez maintenir le clouage qui exerce une certaine pression.
L'exemple ci-dessus illustre un cas typique où les noirs viennent de pousser le pion en h6 pour attaquer le fou, ce dernier doit alors prendre une décision. Du fait qu'il exerce un clouage (le cavalier en f6 ne peut bouger sous peine de perdre la dame), la meilleure option pour les blancs est de reculer le fou sur la case h4 pour maintenir la pression du clouage. Si les blancs capturaient le cavalier, la dame noire n'aurait qu'à reprendre le fou et il n'y aurait plus de clouage.
Pensez à exploiter les déséquilibres
La notion de déséquilibre est importante à comprendre pour progresser aux échecs. Au tout début de la partie, lorsqu'aucun coup n'a encore été joué, il y a un équilibre parfait, tant sur le plan matériel que la structure de pions par exemple. De façon simple, un déséquilibre est quelque chose qui différencie la position blanche de la position noire. Il peut s'agir d'un déséquilibre matériel, par exemple une partie où les blancs échangent un fou contre un cavalier. Il reste alors aux blancs 2 cavaliers et 1 fou, contre 2 fous et 1 cavalier pour les noirs, cela constitue déjà un déséquilibre d'ordre matériel. Le déséquilibre peut également être d'ordre positionnel, avec une structure de pions modifiée, un avantage d'espace ...
Pour gagner une partie d'échecs, il faut faire en sorte d'exploiter les déséquilibres à votre avantage. Par exemple, si l'on reprend le diagramme précédent, nous vous avions conseillé de reculer le fou pour maintenir le clouage. Il est vrai que c'est certainement le meilleur coup. Mais une autre approche, basée sur la notion de déséquilibre, montre qu'il aurait également pu être intéressant de capturer le cavalier. On remarque qu'après l'échange, le cavalier blanc en f3 est largement supérieur au fou noir qui a du mal à jouer, bloqué par ses propres pions. Ces derniers peuvent difficilement avancer sous peine d'être capturés ou de laisser du matériel en prise. En effet, si les pions en c6 et e6 avancent, ils se font aussitôt capturer. Si le pion en b7 avance, la tour blanche pourrait alors prendre le pion en c6 qui ne serait plus protégé.
En échangeant le fou contre la cavalier, les blancs ont donc créé un déséquilibre matériel à leur avantage (bon cavalier contre mauvais fou). À noter qu'ils jouissent également d'un meilleur développement ainsi qu'un avantage d'espace, ils ont donc toutes les cartes entre les mains pour l'emporter.
Bon à savoir : Parfois un déséquilibre ne profite à aucun des deux camps. C'est donc aux joueurs de faire en sorte d'en tirer le meilleur !
Ayez toujours un plan
La notion de plan est difficile à comprendre pour les joueurs débutants, car c'est quelque chose d'abstrait. Elle intervient souvent après la phase d'ouverture, lorsque les pièces ont été développées et les rois mis en sécurité. C'est souvent le moment de la partie d'échecs où l'on ne sait plus trop quoi jouer. Il ne faut alors pas hésiter à prendre du temps pour trouver un plan. Mais au fait, c'est quoi un plan au juste ?
Avoir un plan, ce n'est pas savoir ce qu'on va jouer au prochain coup. C'est une idée bien plus profonde qui consiste à avoir une idée, un plan d'action sur le long terme. Le principe est le suivant : vous trouvez votre plan, et c'est lui qui orientera vos prochains coups. Par exemple vous pourriez choisir d'attaquer votre adversaire à l'aile-dame ou alors à l'aile-roi comme c'est souvent le cas dans les parties à roques opposés. On parle de "roques opposés" lorsqu'un joueur décide de faire le petit roque, l'autre le grand roque.
Ici, les noirs ont opté pour le grand roque, les blancs pour le petit roque, il y a donc bien roques opposés. Un plan classique dans cette configuration est d'attaquer le roi adverse, en envoyant les pions comme "béliers" pour casser la muraille de pions défensive devant le roi. Une fois le plan élaboré, les coups deviennent beaucoup plus simples à trouver, et surtout ils ont un sens, une logique. Les blancs pourront envoyer les pions a et b en direction du roi noir pour l'affaiblir, ouvrir des colonnes pour les tours qui pourront être positionnées sur les colonnes a et b pour augmenter la puissance, la pression. Bien sûr, les noirs ne vont pas se laisser faire si facilement et risquent fort de choisir un plan similaire pour attaquer le roi blanc. Retenez bien cela, les roques opposés sont souvent une course à l'attaque !
Bon à savoir : Mieux vaut avoir un plan "mauvais" que pas de plan du tout. C'est à l'adversaire de prouver que la stratégie à long terme mise en place n'est pas la bonne. Il est fréquent de devoir ajuster ou même changer de plan durant la partie.
Les stratégies à connaître en fin de partie aux échecs - Finales
La finale correspond à la fin de partie aux échecs, le moment où il ne reste que très peu de matériel sur l'échiquier. Que ce soit pour conclure une position gagnante ou sauver une position perdante, la connaissance des principales stratégies en finales est très importante pour progresser, élever son niveau de jeu.
Activez votre roi
Lors de l'ouverture et du milieu de jeu, on cherche à mettre le roi à l'abri pour le protéger des pièces adverses. Mais en finale, notamment lorsque les dames ne sont plus présentes sur l'échiquier, le roi devient une pièce forte qu'il est important d'activer. La diminution du nombre de pièces adverses fait qu'il est beaucoup moins en danger, il a donc tout intérêt à participer à l'action pour tenter de remporter la partie.
Dans le diagramme ci-dessus, on remarque qu'il y a égalité parfaite sur le plan matériel. Il ne reste plus que quelques pions et un fou de chaque côté, autrement dit très peu de pièces sont encore sur l'échiquier, ce qui fait que les rois ne craignent plus grand chose, pour ne pas dire rien du tout. Il est donc important de les activer en montant le roi, le plus souvent vers le centre. On remarque que le roi blanc est ici beaucoup plus avancé que le roi noir, cela constitue un avantage décisif. Les blancs vont pouvoir monter le roi jusque la case b6 pour mettre la pression sur le pion a6, paralysant alors totalement le jeu des noirs.
Reprenons le même diagramme que précédemment, à la seule différence que le roi noir se situe désormais en e7. Cela change tout, car après la montée du roi blanc en d4, les noirs peuvent aller en d6 pour empêcher sa progression.
Bon à savoir : Le gain ou la perte d'une finale peut se jouer à un temps près de roi. Comprenez que si le roi adverse a un coup d'avance sur le votre, cela peut s'avérer crucial pour l'issue de la partie !
Ayez une bonne structure de pions
Avoir une bonne structure de pions est important lors de toutes les étapes de la partie d'échecs. Mais ça l'est d'autant plus en finale où une mauvaise structure de pions est souvent une faiblesse qui peut vous faire perdre le match. Pour avoir une bonne structure, il faut veiller à ne pas rentrer en finale avec des pions faibles, autrement dit doublés voir même triplés, isolés ou encore arriérés. Ou du moins faire en sorte d'avoir une meilleure structure de pions que votre adversaire.
Les pions doublés ou triplés
Des pions doublés correspondent à deux pions de même couleur sur une même colonne. En toute logique des pions triplés correspondent à trois pions de même couleur, toujours sur une même colonne. Les blancs ont donc ici des pions doublés, les noirs des pions triplés.
Le pion isolé
Aux échecs, on parle de pion isolé lorsqu'un pion n'a pas de voisin de même couleur sur les colonnes voisines. C'est une assez grosse faiblesse car un pion isolé est difficile à défendre, il est donc souvent la cible d'attaques de l'adversaire.
Dans le diagramme ci-dessus, le pion noir en d6 est isolé, car il n'y a pas de pion noir sur les colonnes voisines (c et e). À noter que les pions blancs a2 et h2 sont également isolés.
Le pion arriéré
On qualifie d'arriéré un pion qui ne peut être défendu, soutenu par un autre pion situé sur une colonne voisine, soit parce qu'il est plus avancé ou tout simplement parce qu'il n'est plus en jeu. Comme pour le pion isolé, le pion arriéré est une faiblesse sur laquelle l'adversaire peut s'appuyer pour tenter de gagner du matériel.
Le pion noir en d6 est arriéré, car il ne peut être soutenu par les pions c5 et e5 du fait qu'ils sont plus avancés. Le pion blanc en e4 est également arriéré.
Le pion passé, un atout majeur en finale
Si certains pions sont sources de faiblesses, d'autres au contraire peuvent être particulièrement avantageux en finale comme c'est le cas du pion passé. Vous n'êtes pas sans savoir qu'un pion qui atteint la 8ème rangée est promu, le plus souvent en dame. On qualifie de passé tout pion ne présentant pas de pion adverse devant lui, ni sur les colonnes voisines qui pourraient le gêner dans sa progression jusqu'à la case de promotion.
À proprement parler, le pion blanc h6 est passé. Toutefois, n'étant pas protégé, il pourra être rapidement capturé par le roi noir. Le véritable atout de la position blanche est ici le pion b5 qui est un pion passé protégé, puisque soutenu par le pion a4. Un pion passé protégé est un énorme avantage en finale, n'hésitez pas à concevoir un plan autour de lui pour gagner la partie.
Important : Il faut penser à la structure de pions bien en amont de la finale, dès le début de partie et même en milieu de jeu.
Ne cherchez pas à forcer le gain
Si une position est nulle, acceptez le partage de points plutôt que de vouloir à tout pris tenter le diable. Cela risquerait de se retourner contre vous. Mieux vaut faire match nul que de perdre, et ce, même si votre adversaire est moins fort que vous sur le papier.
Liste de conseils valables tout au long de la partie pour progresser aux échecs
Voici une petite liste de conseils qui vous aidera à améliorer votre jeu aux échecs. Essayez de vous en souvenir durant vos parties.
- Vérifiez bien les menaces de votre adversaire à chaque coup joué. Si votre adversaire déplace une pièce, c'est peut-être pour en attaquer une autre ou pour vous mater. Vérifiez toutes les possibilités pour parer au mieux son plan.
- Inversement si votre adversaire déplace une pièce, celle-ci ne défendra alors peut-être plus une case clef ou une pièce. Essayez d'exploiter au mieux les faiblesses du changement de position.
- Ne jouez jamais un coup en espérant que votre adversaire ne le voit pas. Nombreux sont les joueurs débutants à attaquer une pièce adverse dans l'espoir que l'adversaire ne réagisse pas. Si cela peut marcher, pour progresser aux échecs et atteindre un niveau supérieur, vous devez jouer en imaginant que votre adversaire verra vos menaces directes. Passé un certain niveau, n'espérez pas placer facilement une fourchette ou une enfilade grossière.
- Cherchez les tactiques et combinaisons, elles sont parfois bien cachées.
- Vous n'êtes pas dans l'obligation de promouvoir votre pion en dame. Dans certains cas, il peut être plus avantageux de promouvoir un pion en cavalier, souvent pour "asséner" un échec au roi.
- Si vous avez une position inférieure, passive, essayez de trouver du contre-jeu actif, quitte à perdre un peu de matériel. Aux échecs, il est très difficile moralement de jouer pour deux résultats : le match nul ou la défaite, surtout quand vos pièces sont réduites à la passivité la plus totale. Lorsque c'est le moment, n'hésitez pas à sacrifier un pion, voir même plus, pour activer vos pièces et créer des problèmes à votre adversaire, en d'autres termes pour avoir du jeu. Jouer de façon active est bon pour le moral et pourra même dans certains cas vous faire réussir à tenir la nulle, voir même parfois gagner !
- La position vous semble perdue, voir même complètement désespérée ? Pensez à l'échec perpétuel ! Aux échecs, il existe une règle qui dit que si la même position survient trois fois d'affilée, la partie est déclarée nulle.
La position blanche semble plus que comprise. Ils ont beaucoup de matériel de retard et les noirs s'apprêtent à faire promotion avec le pion b. Heureusement, il existe ici une solution pour se tirer d'affaire, réaliser un échec perpétuel avec la dame. Celle-ci va se diriger en g6 pour mettre le roi en échec, qui n'aura d'autre solution que d'aller en h8. La dame blanche retournera sur sa case de départ en h6 pour contraindre le roi à retourner en g8 puis ainsi de suite. Il y aura donc trois fois la même position et donc match nul ! Il n'est bien évidemment pas toujours possible de sauver une partie d'une telle manière.
En conclusion
Vous venez de prendre connaissance des principales stratégies du jeu d'échecs, à vous de les mettre en pratique durant vos parties pour progresser. Avec du sérieux et de la volonté, nul doute que votre classement grimpera. Si ce n'est le cas, ne vous découragez surtout pas et persévérez, en relisant les parties qui peuvent poser problème. Pour progresser aux échecs, nous allons vous donner un dernier conseil : analyser vos parties, surtout celles perdues afin de comprendre ce qui n'a pas fonctionné. Une erreur comprise aujourd'hui ne sera plus faite demain !